Camille Crésut

Poésie

Départ imminent pour un autre continent

Quitter ou retrouver
ses voisins avenants,
ses élèves impertinents ;
-nature humaine qu’on voudrait voir
si différente sans pouvoir le croire,
si unique dans un même espace-temps ;
en changeant de température,
de tempérament,
obtient-on une si dissemblable mouture?

Laisser derrière soi
des bouts de corail séché ;
partir sans vouloir
dire au revoir ;
pourtant il faut
abandonner cette peau
dans l’espoir,
mêlé à l’âcre sueur, la peur,
d’être bouleversé,
de ramasser
des copeaux de soi
qu’on aurait oubliés
dans une envie d’ailleurs,
dans une vie meilleure.

«Une boule de glace café s’il-vous-plaît,
et un thé glacé.»
Les doigts de pieds
qui s’enfoncent dans le sable salé,
sali, rempli de parasols,
de serviettes déroulées
sous les glacières débordantes
remplaceront bientôt
le sable noir,
brûlant la plante
de mes pieds inhabitués,
le sable blanc éblouissant
mon regard lointain
presque familiarisé
avec l’exotisme mutin
de cette végétation verdoyante,
cette profusion de couleurs,
d’odeurs du crépuscule et du soir ;
grillades, cannelles et ylangs,
flamboyant sous un soleil éclatant
-soleil de plomb
lorsqu’il faut changer ta roue crevée
et pas d’ombre à l’horizon.