Beauté des hommes et des femmes
au port altier
Princes aux corps sculptés
croisés aux détours des sentiers
Sultanes langoureuses
déambulant dans les chemins tortueux
un régime de bananes rouges, jaunes ou vertes
sur la tête
tandis que d’autres,
allongées ou assises
tressant, pilant ou dormant,
t’observent
te regardent passer
t’engueulent parce que tu n’as pas répondu
– jéjé, ça va?
te sourient ou rigolent avec toi
Beauté des paysages sauvages
que ne dénaturent
ni immeubles gratte-ciel
-seuls les cocotiers et les baobabs ont ce privilège –
ni grues, ni jardins entretenus ;
massifs de fleurs indisciplinés
qui se déploient entre les maisons –
poussant comme des herbes folles
Chaos ensorcelant
des paysages urbains
où se mêlent
pistes de terre pourpre
et ciment envahi par les zébus
se démêlent poules et cabris
au beau milieu des poubelles éventrées
s’étalent les publicités pour des robots ménagers
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Arômes entêtants et envoûtants
portés par les azilés
des champs d’Ylang
des frangipaniers et des jasmins
chatouillent ta narine
quand monte dans l’air
la lune alanguie
symbole de cette île perdue
dans les courants de l’Océan indien
Les saveurs de la vanille et de la coco
parfument tes papilles
citronniers et orangers au bord de l’eau
régalent tes sens
la végétation dense et sauvage
se détache entre le turquoise de la baie et l’azur du ciel
tandis que
tu contemples
l’horizon translucide
où miroite, danse ton reflet
tel un mirage ;
Mzungou,
homme blanc, étranger
tu essaies de pénétrer
le mystère
d’une civilisation insondable
de saisir les éclats émeraudes
de cette magie indicible
tu sens comme un voile mystérieux
qui enrobe
ta présence au monde et aux autres
un lien fragile et spirituel
qui se dégage
de cet univers porteur
de rêves
et de l’Histoire d’un Peuple.